soizen

J'ai un blog et je n'hésiterais pas à m'en servir.

Mardi 17 août 2010 à 21:13

Que me semble lointaine cette sensation d'ouvrir une page de blog pour y écrire un article. Encore plus lointaine celle de commencer à écrire au hasard, sans trop savoir où tout cela va me mener.
Vous n'imaginez pas, vous, lecteurs, à quel point il peut être difficile de faire partager des idées qu'il serait tellement plus confortable de garder pour soit. Ou alors c'est mon côté asocial? Peu importe, ce n'est pas parce que je suis asociale que vous n'êtes pas tous des gros cons.

Une semaine après avoir commencé cet article, je pense avoir enfin trouvé ce dont j'ai envie de vous parler : de bande-dessinée. Plus précisément, j'ai découvert récemment Marc-Antoine Matthieu, un auteur déjà connu mais qui fait pas mal parler de lui en ce moment.

En réalité, je ne l'ai pas découvert tout de suite.
Je veux dire, j'ai d'abord acheté un premier album, sans vraiment faire attention à l'auteur, en me basant uniquement sur le visuel de la couverture et l'histoire : Dieu en a marre des intermédiaires et a décidé de chausser ses santiags, de trouver un vague costume, de faire pousser sa barbe et de montrer l'exemple aux citoyens en venant se faire recenser.

http://soizen.cowblog.fr/images/previewpagephp.jpg

C'est d'emblée l'aspect graphique qui m'attire en BD, à proportion que je suis moi-même une dessinatrice crasse. Les perspectives à perte de vue, le souci du détail, la précision et la clarté des traits sont vraiment ce qui me fait ou non entrer dans une oeuvre dessinée. Ici les dessins sont magnifiques mais l'histoire et le découpage n'en sont pas moins originaux. Par contre, le parti pris (traiter de la réaction d'une société de consommation à l'arrivée de Dieu sur Terre) interroge sur toutes les questions restées en suspens. Pourquoi Dieu reviendrait sur Terre, quelles réponses, pour quelles questions, qu'a t-il a nous dire, ou pas, et si non pourquoi ? Ca n'est que dans un second temps que les choses s'éclairent. Dieu n'est-il pas finalement là que pour nous renvoyer notre propre image ? Il ne fait que répondre à nos questions, à nos provocations, il ne nous dit, finalement, que ce que nous voulons entendre et nous laisse aller là où nous voulons l'emmener. Le sujet, traitée sous la forme d'un feuilleton télévisé suivant la plus grande affaire judiciaire de l'histoire, nous ramène, toujours avec un humour fin et subtil, aux limites de notre humanité confrontée à un être qui lui semble supérieure en tout, voire même d'une nature différente. Tour de force également puisque, sur un sujet pareil, tout le monde en prend pour son grade (juristes, marketeurs, théologiens, philosophes,...) sans pour autant que quiconque ne se trouve choqué de la présentation faite du sujet (le visage de Dieu n'est d'ailleurs jamais explicitement dessiné, non pas en lien avec un quelconque respect de l'Islam, mais par volonté artistique de libérer l'imagination du lecteur).

Ce premier album m'a mis une baffe, mais c'est sans faire le rapport que j'ai acheté sa dernière oeuvre, qui, là encore, m'a frappée sur le plan graphique.http://soizen.cowblog.fr/images/717060.gif
Les ressemblances ne manquent pas, et l'impression d'immensité et de finesse dans le travail est, dans cet ouvrage, encore beaucoup plus impressionnant que dans le précédent. Les Sous-sols du Révolu s'attaquent bien sûr au mystère du Musée du Louvre et en proposent une présentation onirique, spirituelle et magnifique. L'oeuvre suit Le volumeur, assisté de Leonard, qui a pour mission de dresser l'inventaire de ce monument dont les sous sols interminables sont bâtis selon une forme pyramidale où la descente emmène le lecteur dans des étendues encore plus vastes que ce qu'on peut imaginer. Des plafonds interminables, des oeuvres gigantesques et des tableaux d'une précision incroyable peuplent le voyage du Volumeur qui semble ne jamais pouvoir finir sa tâche. L'humour de certaines scènes est là encore bien trouvé sans jamais devenir pesant, même si Mathieu n'hésite pas à jouer avec les lieux communs les plus répandus.
Paradoxalement, les Sous-sols du Révolu nous amènent beaucoup plus loin, dans une dimension fantastique et spirituelle là où Dieu en personne nous ramène plutôt vers nous-même après être parti du sujet le plus lointain que l'on puisse imaginer.

Ces deux albums sont en tout cas un démarrage de ma découverte de cet auteur qui à, semble t-il encore bien des albums à proposer, et notamment l'intégrale de l'histoire de Julius Corentin, à laquelle je vous invite aussi à jeter un oeil.

Liens Amazon :
Les Sous sols du Révolu
Dieu en Personne
Julius Corentin, Tomes 1 à 5
 

Samedi 5 juin 2010 à 13:32

Vendredi soir, semaine terminée et grosse chaleur à l'horizon, une ambiance idéale pour me rendre à l'autre bout de Paris et assister à une représentation de la diva hurlante, Diamanda Galàs.

Avant ça, deux premières parties sont prévues, dont un groupe de japonais barrés, à ce qu'on me dit. Effectivement, ce n'était pas peu dire. Après une demi-heure d'attente insupportable, nous voilà obligés de subir une première partie d'une heure (!) qui n'est pas beaucoup plus passionante. Schématiquement, vous prenez le cousin machin, sauf qu'il vient du Japon et qu'il essaye de faire du bruit qui bouge. Au début, bonne tranche de fou-rire. Au bout d'un morceau de 10 minutes, on ne comprend pas que la blague dure si longtemps.
Un show sans spontanéité, sans originalité et sans talent, qui plus est beaucoup trop long et le spectacle navrant des bobos parisiens dandinant du cou et remuant du croupion au rythme de ce qu'il considère comme le nouveau son hype.
J'apprends plus tard que le groupe s'appelle BO NINGEN et qu'il fait du psychédélique, rock, expérimental. Il est en fait composé non pas de gosses de 15 ans mais de jeunes filles anorexiques de 20. Au temps pour moi (oui ça s'écrit comme ça), je me coucherais moins bête.
L'avis de mon cher et tendre tentera de tempérer mon aversion (bonne idée mais mal exploitée, bonnes intentions, non ils ne jouent pas que sur 2 cordes), mais définitivement ma mauvaise foi ne reviendra pas en arrière, c'était à chier.

Vous aurez soin d'imaginer mon enthousiasme délirant à l'idée d'une seconde première partie, je crains d'avoir des difficultés à vous l'exprimer. Nous envisageons sérieusement de rentrer, avant de se rappeler pourquoi nous sommes venus. Le second groupe est censé être du "noise", et je confirme qu'il porte bien son nom. Sorte de slam rappé où le seul intérêt est d'entendre le chanteur bramer son nom avec tout la conviction d'un gars d'la téci qui a trop souffert sa mère.
C'en est trop pour moi et je sors bouquiner l'excellent LE NAZI ET LE BARBIER d' Edgar Hilsenrath que je vous recommande en toute occasion. J'en profite pour assister au recrutement "sauvage" du type à côté de moi, futur Louis Garrel avec sa mèche et son oeil bovin.

Je me fais rappeler pour le concert, le vrai, qui met des plombes à démarrer. Mais on nous fait heureusement patienter à coups de projo dans la gueule et de techniciens incompétents.
Le piano est enfin éclairé et la Galàs entre comme une diva sous les applaudissements nourris. Et là, on oublie tout et on ne regrette pas d'avoir poireauté.
Dès le début, elle nous emporte dans son univers torturé à coups de cris, hurlements et poussées de voix incroyables. Les cris stridents ne sont définitivement pas mon truc mais j'entre dedans malgré tout et son art me touche, sans pour autant que je m'y retrouve complètement. Nous n'assistons qu'à une partie de son passage qui lui-même ne représente qu'une infime partie de son oeuvre que j'ai maintenant envie de découvrir davantage.

Seule sa reprise de Fernand de Jacques Brel me transporte vraiment au point d'en oublier l'impossibilité à comprendre les paroles. Sa musique et sa voix sont suffisamment fortes pour transmettre toutes les émotions de l'original à l'identique. Il y a une universalité dans son oeuvre qui se révèle plus qu'intéressante et qui mérite que je fasse l'effort de m'y attarder.

Malheureusement, il est difficile d'apprécier son oeuvre et particulièrement cette reprise autrement qu'en concert (une recherche google vidéo me l'apprendra bien assez tôt).

Site officiel
Myspace

Samedi 13 mars 2010 à 22:35

La fin d'une longue période d'une vie est souvent l'occasion d'une profonde remise en question prenant la forme invariable suivante : bilan, suivi d'une tristesse angoissée mais qui, très vite, laisse la place à une certaine nostalgie, avant, enfin, de repartir vers de nouvelles aventures et de terminer, opportunément, cette phrase à mi-chemin entre l'accroche et l'enfonçage de portes ouvertes.
J'imagine que le passage du statut d'étudiant au statut de stagiaire qui laisse poindre la réjouissante qualification "d'actifs", avec tout ce que cela suggère quant à mon utilité sociale jusqu'ici, fait partie de ces transitions.

C'est donc dans cet état d'esprit qu'un vent de régression m'a poussé à user de chantage typiquement féminin pour emmener ma moitié voir avec moi Fantastic M. Fox, le dernier film de Wes Anderson. Pas très chaud à l'idée de voir un film gentillet de renard en pâte à modeler, j'imagine que c'est la signature d'Anderson qui motiva l'autre moitié (oui la mienne, mais pas moi, enfin bref, suivez un peu) à me suivre. Ainsi, je puis affirmer que ma régression s'est très bien passée et que nous n'en sortîmes point déçus.



De régression il n'est pas vraiment question ici puisqu'il s'agit d'un renard, voleur de nourriture, qui renonce définitivement à cette vie de bête sauvage parce que ça fait plaisir à Madame d'avoir une vie un peu rangée. Certes, mais c'était sans compter les nouveaux voisins, les terribles Buggis, Bunce and Bean qui ne peuvent que motiver la bête sauvage qui sommeille en chaque renard à se frotter au challenge.

Que vous dire pour vous poussez dans les salles obscures? Roald Dahl à l'écriture, George Clooney, Meryl Streep, et pléiades de têtes connues aux voix, Anderson et sa patte si particulière que vous aurez déjà eu le bon goût d'apprécier dans Darjeeling Limited... Originalité notable : Anderson semble se lancer pour la première fois dans le film d'animation, et le support semble complètement coller à son univers ainsi qu'à celui de l'histoire : entre le monde du conte pour enfant, l'humour plus adulte, entre la comédie légèrement absurde et un propos plus sérieux et mature.

Sur la technique utilisée, je ne suis que peu à même de vous offrir des développements technico-compliquées sur l'animation à base de figurine et l'image par image, néanmoins ce vent d'animation traditionnelle fait vraiment du bien à l'heure des blockbusters en image de synthèse (ouais et en 3D avec des mecs en bleu). Loin de moi l'envie de rejeter en bloc les progrès de la technologie et des effets spéciaux, mais je suis ravie de penser que le cinéma, ce n'est pas que ça.


En tout cas, je vous invite à aller le voir en VO (parce que vous avez du boulot pour améliorer votre anglais, parce que George et parce que vous éviterez les pelletés de chiards venus avec leurs parents) au plus vite et à retomber en enfance, juste ce qu'il faut.

Jeudi 3 septembre 2009 à 23:45

Ouais, ça m'a pris comme ça, je me suis dit : Aller, tu n'as rien à faire ce soir, va voir à quoi ça ressemble Christophe Honoré, Louis Garrel et toute la clique.
Bon, ben ça casse pas trois pattes à un canard, et surtout, ça m'énerve.

Au départ, on a : Un bon casting, lâchons le mot. Même Louis Garrel m'a finalement convaincu (faut dire qu'il joue un jeunot immature qui tombe amoureux comme il recoiffe sa mèche, vite et mal, mais bon, je suis mauvaise langue : Non il est pas mal). Marina Fois est vraiment une bonne actrice, Chiara Mastroianni se défend, mais j'y reviendrais, et le petit Anton (putain c'est moche), quelque chose me dit qu'on en réentendra parler. L'idée n'est pas neuve : retour en famille, destins de couples qui se croisent avec des histoires différentes et toutes plus ou moins embourbées, couple de parents qui chapeaute le tout... Mais enfin, pourquoi pas.


En plus il y avait des petits chats et des petits chiens, c'est mignon. Bref, ça pouvait quand même donner quelque chose de sympathique.
 
 
© Le Pacte
 

Sauf que dans un film, normalement, on est censé trouver un scénario qui tient et pas juste des personnages hystériques qui ne savent pas où ils vont et encore moins où ça nous emmène. Christophe Honoré a voulu filmer la Bretagne? Euh oui la moitié du film alors, ça manquait trop de dioxyde de carbone pour lui.
Un film féministe? Non, les femmes d'aujourd'hui ne confondent pas toutes la liberté et l'hystérie. Elles ne font pas toujours les choses parfaitement mais ne se sentent pas obligés d'abandonner une chose pour une autre en permanence et ne sont pas toutes victimes de la théorie du complot. Accessoirement, le sous-entendu selon lequel une femme enceinte est irascible et incompréhensible, mais rassurez-vous ça se calme après l'accouchement... On a vu mieux en matière de féminisme.

La seule qui semble heureuse de vivre pleinement sa vie de mère, c'est justement la grand-mère, superbe de grâce sous les traits de Marie-Christine Barrault, je ne vois pas ce qu'il y a de féministe là dedans, mais bon.

Un chouette interlude nous propose un bon en arrière, mais là encore c'est raté : Trop long, mal amené, et surtout sans humanité, mais bon on avait dit qu'on filmait la Bretagne alors vous allez en bouffer du Biniou trop fort. Le titre du film se réfère à cette scène : On empêche de danser cette fille qui ne pense qu'à s'amuser en dansant pendant des heures avec des hommes. Je ne vous dévoilerais pas l'intégralité de l'histoire mais si cette jeune écervelée ne peut pas danser, ce n'est pas parce qu'on l'en empêche, mais surtout parce qu'elle en fait trop. Tout le film, et particulièrement cette séquence confond allègrement liberté et hystérie, volonté et caprice, femmes libres et immatures. Mais bon, les femmes elles ont des hormones tu vois, alors c'est normal.


Pourtant il y avait de l'humour, le jeu des acteurs était inégal mais franchement regardable, il y avait des personnages à faire évoluer. Au lieu de ça, la fin est vraiment, alors là je m'énerve, mais vraiment, nullissime de médiocrité. Encore une fois, je n'aime pas spoiler, mais à aucun moment Honoré n'offre d'issue à son personnage principal, il la fait retomber dans ses turpitudes à deux balles loin de toute réalité pour profiter d'une soi-disant liberté qui s'apparente à de l'abandon lâche et puant.
Et pour les personnages secondaires ? Ah oui, on vous avait dit à un moment au début du film que ça n'allait pas trop, mais en fait ça va mieux merci, comme ça on boucle en 1H45, ça fait plus de séances.


Une oeuvre inachevée (du type ni fait ni à faire), inutile, où les femmes sont hystériques et les hommes paumés (oui, forcément), où les acteurs sont bons mais les dialogues trop inégaux, mais vous pourrez y visiter Paris autant que la Bretagne.

Chouette critique de Bakchich
Critique AFP : Je pense tout pareil et je découvre que l'AFP fait des critiques.

Non, décidément, j'aime pas les féministes.

Mardi 1er septembre 2009 à 17:38

Fut un soir où j'emmenai mon compagnon, bénévole malgré lui, à un concert de chanson française au splendid de Lille. Bien m'en prit.
En effet, loin d'être un torture comme je l'imaginais, lui comme moi avons su apprécier comme il se doit l'enthousiasme, la fougue et la verve de blaireaux bien de chez nous (de chez moi pour être plus précise).

LES BLAIREAUX sont donc un groupe du Nord, et même précisément de Lille, qui a débuté ses queslques tours de chants voilà déjà plusieurs années. Les remaniements au sein du groupe furent nombreux, et pourtant ils ont jusqu'ici réussi à conserver tant l'esprit du groupe, la qualité des textes que l'originalité du nom qui n'aide pas beaucoup pour niquer, par contre.

Sur le concert en lui-même, j'en dirais assez peu car je ne suis pas une grande chroniqueuse en la matière et surtout tout cela se résume en peu de mots : D'abord un public de vingt-trentenaires bobo comme il se doit mais malgré tout bon esprit, une bonne salle accueillante et pas tassée et surtout, un groupe formidablement enthousiaste, sans aucune prise de tête ou de becs entre les membres, qui revient au pays pour s'éclater. La bonne entente entre les membres d'un groupe ne remplace pas nécessairement le talent, loin s'en faut. Ceci dit, et c'est particulièrement vrai sur scène, la complicité des musiciens fait un bon tiers du boulot, et son absence peut ruiner toute velléité de succès (ouais les Gallagher, on vous a reconnu, et laissez moi vous dire que c'est pas comme ça que vous allez vous construire une réputation. Non mais des fois) .
Une bonne ambiance générale donc, avec un Alexandre LENOIR au micro qui bouge toujours avec autant d'énergie malgré l'enregistrement prévu pour ce jour là qui oblige à une certaine organisation.

Autre point intéressant : L'idée, qui commence à se répandre à nouveau chez certains artistes, de tester de nouvelles chansons en concert, avant la sortie du disque. C'est toujours sympa d'avoir l'impression que les disques servent la scène, et non l'inverse.

S'agissant du fond du sujet, il y aurait surement à dire sur ces textes, parfois axés sur l'amour, sur l'Allemagne (et sur l'amour en Allemagne oui, on a compris) mais aussi sur des histoires d'auberge du chat qui pète, d'un gardien de musée à l'ancienne ou encore d'un petit garçon qui veut décorer le sapin avec sa maman. Le mieux est encore de vous laisser découvrir ça vous même, et ça se passe par ici : LES BLAIREAUX, le site
PARADES PRENUPTIALES, dernier album sur deezer

Vidéo de moyenne qualité, mais vidéo quand même :


Jeudi 6 août 2009 à 17:38

Cette semaine, je suis en verve. Et mon médecin m'a dit d'utiliser ma verve sinon après on en met partout, ça tâche, ça colle et on finit par écrire de la merde boursouflée d'orgueils dans les cahiers du cinéma, chronic'art ou n'importe quel magazine féminin vomitif. J'ai donc décidé à l'unanimité de moi-même (j'aime bien cette expression, je risque de la ressortir souvent) de vous chroniquer l'intégralité de mes sorties cinés de la semaine, heureusement je vous évite les dvd. Cela fait donc 3 films dans des genres aussi opposés que Fight Club et Bambi et dans des qualités aussi variables que les séries Oz et Prison Break (pour ceux qui ne connaissent pas Oz, achetez les saisons et faites moi penser à faire un article spécial séries TV).


BRÜNO- Réalisé par Larry Charles

 

Une icône autrichienne de la mode et de show TV déchue décide de trouver le moyen de faire parler de lui par tous les moyens possibles après s'être fait larguer par son copain du moment. Il décide donc tour à tour de se procurer un petit enfant du Darfour, comme Madonna, en échangeant son Ipod, de recommencer à présenter des émissions gerbatoires comme seuls les américains savent en faire, de régler le conflit du Moyen Orient et de devenir hétérosexuel.

http://media.paperblog.fr/i/211/2117585/bruno-larry-charles-L-1.jpeg
Autant le dire tout de suite, l'ensemble est très inégal et c'est dommage car le début met dans de mauvaises dispositions pour apprécier d'autres sketchs relativement bien trouvés et vraiment intéressants. N'ayant pas vu Borat, je ne sais pas si c'est une habitude chez Sasha Baron Cohen, mais si l'idée était de dénoncer la société américaine et ses travers, il est clair qu'il n'y échappe pas lui non plus.

Pleins d'idées sont pertinentes : autant dire qu'il a été plus proche de régler le conflit israélo-palestinien que beaucoup de gens ayant essayé avant lui. Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il n'hésite pas à risquer sa peau pour les besoins de la cause. En même temps, les Jackass non plus, et ça ne fait pas d'eux des dénonciateurs géniaux et incompris. D'autant qu'ici on ne sait pas si la problématique est vraiment de dénoncer quelque chose, ou juste de se complaire dans une certaine idée de la connerie, ce qui expliquerait bien des choses mais enlève tout reste d'intérêt à l'œuvre.

En gros, l'ensemble aurait fait une bonne émission de caméras cachés avec une multitude de sketchs, mais, pitié, pas un film. Les cartes illimitées sont faites pour ça me direz-vous, mais je ne conseille pas à ceux qui en sont démunis de tenter l'expérience, il y a trop d'autres raisons d'aller au cinéma.

Le problème, c'est que même dans l'optique de petits sketchs, quelque chose reste gênant : A aucun moment la caméra n'est cachée, ce qui se justifie dans une vraie émission de télé ou lors d'interview, mais jette un grand doute sur certains témoignages censés être recueillis spontannément. Peut être s'agissait-il vraiment de personnes piégées prêtes par exemple à risquer sans sourciller la vie de leurs enfants, mais permettez-moi d'en douter, même venant de la part d'américains moyens.

Dans la même veine, les acteurs ne sont pas vraiment et même pas du tout distingués des personnes « piégées », et on finit par ne plus trop savoir si c'est une fiction ou une émission de télé réalité.

Bref, intéressant mais pas assez, de bonnes idées mal exploitées, des scènes sympas à retrouver sur youtube, ça suffira largement.


 

THE READER- de Stephen Daldry

 

 

Mickael Berg, jeune lycéen allemand des années 50 vit une histoire passionnée avec une femme d'une trentaine d'années à l'insu de son entourage. Un jour, celle-ci déménage sans laisser d'adresses. Hanté par ce premier amour perdu aussi brutalement qu'il n'a commencé, il poursuit sa vie et entame des études de droit. Il assiste alors à un des grands procès d'anciens nazis, époque oblige, ici d'anciennes surveillantes des camps jugées pour avoir envoyé à la mort plus de 300 personnes. A la rancœur des allemands de cette époque contre les agissements de la génération précédente, s'ajoute l'horreur de sa découverte : Hanna, son ex-compagne est au banc des accusés et rien ne semble la disculper des horreurs dont on l'accuse.

 http://flicks.stanford.edu/image.php?id=71

Film sensible et juste, on s'accroche d'autant plus à l'histoire que les acteurs principaux sont impeccables. Kate Winslet a définitivement mérité son Oscar. Certains rôles secondaires ne sont pas en reste avec Bruno Ganz en professeur de droit percutant, Alexandra Maria Lara qui fait une apparition crédible et juste ainsi que David Kross en jeune lycéen tourmenté.


On peut peut être regretter que la romance et l'érotisme soient accommodés à toutes les sauces même si le résultat est loin d'être écœurant. Il faut même bien cela pour comprendre le désespoir futur du jeune Mickael, et surtout pour mettre le spectateur mal à l'aise à la vue de ce monstre qui n'en est pas un.

On avait reproché au film La Chute, avec le même Bruno Ganz dans le rôle d'Hitler, de donner un côté humain au monstre que l'on voudrait voir. Non, définitivement, les nazis n'étaient pas des gens comme nous. Le moins qu'on puisse dire est que The Reader récidive en dépeignant une ex-employée des SS comme une femme simple, un peu bourrue mais hyper sensible à la beauté des choses et des mots. Une femme qui assume ses actes, les accepte et les décrit simplement en mettant au défi quiconque de répondre à la question : "Mais vous, qu'auriez-vous fait?".
Question qui restera sans réponse comme la plupart des problématiques évoquées dans le film :  Comment vivre après avoir aimé un monstre ? A t-on le droit au pardon lorsqu'on a commis les pires atrocités ? Plus difficile, faut-il vraiment passer le reste de sa vie dans le repentir permanent de ces actes ? Enfin, comment une jeune génération peut-elle supporter les actes impardonnables de ses parents ?

Grand défi et également grande réussite : laisser ces questions sans réponses là où tous les moralistes de bas étages auraient cherché à "tirer la leçon", "déduire des enseignements", " faire passer un message". Ici demeure uniquement l'essentiel : le simple constat de l'homme, de sa nature et de ce que l'histoire peut amener de pire.

Un film sans fioriture mais efficace et poignant.




LA HAUT
- de Pete Docter, Bob Peterson


Un peu de douceur dans ce monde de brutes avec le dernier des Pixars. Un vieil homme qui vient de perdre sa femme et qui est menacé de finir sa vie en maison de retraite décide une fois pour toute de partir vivre en Amérique du Sud. Précisément, destination les chutes du paradis, là où lui et Ellie, sa femme, avait toujours rêvés d'installer leur maison. Et d'ailleurs, il la prend avec lui, sa maison, soulevés par des centaines de ballons à l'hélium qui rendraient jaloux n'importe quel propriétaire de jet privé. Malencontreusement, il se retrouve avec un invité surprise, puis rapidement plusieurs personnages se joignent à eux, tous hauts en couleurs et aussi attachants pour les enfants que pour les adultes.


http://www.digitalthink.fr/wordpress/wp-content/uploads/2009/03/pixar-la-haut.jpg

Pixar a bonne presse en ce moment et effectivement, on en sort pas déçu, à part peut être pour le très très petits (en dessous de 4 ans) qui trouveront certaines scènes tristes ou un peu violentes. Pour les autres, vous aurez droit à une belle aventure, bien amenée, avec des détails graphiques toujours aussi soignés et des répliques cadencées au poil près, impeccablement reprises par la version française. Pas de message écolo lourdingue, et c'est tant mieux, la simplicité des paysages les rend d'autant plus mangifiques.
Entre Dug le chien, Russell le jeune aventurier délirant, le mythique Dabou qui fait échasses à ses heures et une meute de chiens féroces mais pas très éveillés, on n'a absolument aucune difficulté à entrer dans l'histoire et à retomber en enfance.

N'en déplaise au rédacteur en chef de Télérama qui parle d'insolence comme un communiste parlerait de la liberté (oui, chez Télérama on a la révolution dans le sang), ça fait du bien ce genre de films.


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