La fin d'une longue période d'une vie est souvent l'occasion d'une profonde remise en question prenant la forme invariable suivante : bilan, suivi d'une tristesse angoissée mais qui, très vite, laisse la place à une certaine nostalgie, avant, enfin, de repartir vers de nouvelles aventures et de terminer, opportunément, cette phrase à mi-chemin entre l'accroche et l'enfonçage de portes ouvertes.
J'imagine que le passage du statut d'étudiant au statut de stagiaire qui laisse poindre la réjouissante qualification "d'actifs", avec tout ce que cela suggère quant à mon utilité sociale jusqu'ici, fait partie de ces transitions.

C'est donc dans cet état d'esprit qu'un vent de régression m'a poussé à user de chantage typiquement féminin pour emmener ma moitié voir avec moi Fantastic M. Fox, le dernier film de Wes Anderson. Pas très chaud à l'idée de voir un film gentillet de renard en pâte à modeler, j'imagine que c'est la signature d'Anderson qui motiva l'autre moitié (oui la mienne, mais pas moi, enfin bref, suivez un peu) à me suivre. Ainsi, je puis affirmer que ma régression s'est très bien passée et que nous n'en sortîmes point déçus.



De régression il n'est pas vraiment question ici puisqu'il s'agit d'un renard, voleur de nourriture, qui renonce définitivement à cette vie de bête sauvage parce que ça fait plaisir à Madame d'avoir une vie un peu rangée. Certes, mais c'était sans compter les nouveaux voisins, les terribles Buggis, Bunce and Bean qui ne peuvent que motiver la bête sauvage qui sommeille en chaque renard à se frotter au challenge.

Que vous dire pour vous poussez dans les salles obscures? Roald Dahl à l'écriture, George Clooney, Meryl Streep, et pléiades de têtes connues aux voix, Anderson et sa patte si particulière que vous aurez déjà eu le bon goût d'apprécier dans Darjeeling Limited... Originalité notable : Anderson semble se lancer pour la première fois dans le film d'animation, et le support semble complètement coller à son univers ainsi qu'à celui de l'histoire : entre le monde du conte pour enfant, l'humour plus adulte, entre la comédie légèrement absurde et un propos plus sérieux et mature.

Sur la technique utilisée, je ne suis que peu à même de vous offrir des développements technico-compliquées sur l'animation à base de figurine et l'image par image, néanmoins ce vent d'animation traditionnelle fait vraiment du bien à l'heure des blockbusters en image de synthèse (ouais et en 3D avec des mecs en bleu). Loin de moi l'envie de rejeter en bloc les progrès de la technologie et des effets spéciaux, mais je suis ravie de penser que le cinéma, ce n'est pas que ça.


En tout cas, je vous invite à aller le voir en VO (parce que vous avez du boulot pour améliorer votre anglais, parce que George et parce que vous éviterez les pelletés de chiards venus avec leurs parents) au plus vite et à retomber en enfance, juste ce qu'il faut.