Cette semaine, je suis en verve. Et mon médecin m'a dit d'utiliser ma verve sinon après on en met partout, ça tâche, ça colle et on finit par écrire de la merde boursouflée d'orgueils dans les cahiers du cinéma, chronic'art ou n'importe quel magazine féminin vomitif. J'ai donc décidé à l'unanimité de moi-même (j'aime bien cette expression, je risque de la ressortir souvent) de vous chroniquer l'intégralité de mes sorties cinés de la semaine, heureusement je vous évite les dvd. Cela fait donc 3 films dans des genres aussi opposés que Fight Club et Bambi et dans des qualités aussi variables que les séries Oz et Prison Break (pour ceux qui ne connaissent pas Oz, achetez les saisons et faites moi penser à faire un article spécial séries TV).


BRÜNO- Réalisé par Larry Charles

 

Une icône autrichienne de la mode et de show TV déchue décide de trouver le moyen de faire parler de lui par tous les moyens possibles après s'être fait larguer par son copain du moment. Il décide donc tour à tour de se procurer un petit enfant du Darfour, comme Madonna, en échangeant son Ipod, de recommencer à présenter des émissions gerbatoires comme seuls les américains savent en faire, de régler le conflit du Moyen Orient et de devenir hétérosexuel.

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Autant le dire tout de suite, l'ensemble est très inégal et c'est dommage car le début met dans de mauvaises dispositions pour apprécier d'autres sketchs relativement bien trouvés et vraiment intéressants. N'ayant pas vu Borat, je ne sais pas si c'est une habitude chez Sasha Baron Cohen, mais si l'idée était de dénoncer la société américaine et ses travers, il est clair qu'il n'y échappe pas lui non plus.

Pleins d'idées sont pertinentes : autant dire qu'il a été plus proche de régler le conflit israélo-palestinien que beaucoup de gens ayant essayé avant lui. Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il n'hésite pas à risquer sa peau pour les besoins de la cause. En même temps, les Jackass non plus, et ça ne fait pas d'eux des dénonciateurs géniaux et incompris. D'autant qu'ici on ne sait pas si la problématique est vraiment de dénoncer quelque chose, ou juste de se complaire dans une certaine idée de la connerie, ce qui expliquerait bien des choses mais enlève tout reste d'intérêt à l'œuvre.

En gros, l'ensemble aurait fait une bonne émission de caméras cachés avec une multitude de sketchs, mais, pitié, pas un film. Les cartes illimitées sont faites pour ça me direz-vous, mais je ne conseille pas à ceux qui en sont démunis de tenter l'expérience, il y a trop d'autres raisons d'aller au cinéma.

Le problème, c'est que même dans l'optique de petits sketchs, quelque chose reste gênant : A aucun moment la caméra n'est cachée, ce qui se justifie dans une vraie émission de télé ou lors d'interview, mais jette un grand doute sur certains témoignages censés être recueillis spontannément. Peut être s'agissait-il vraiment de personnes piégées prêtes par exemple à risquer sans sourciller la vie de leurs enfants, mais permettez-moi d'en douter, même venant de la part d'américains moyens.

Dans la même veine, les acteurs ne sont pas vraiment et même pas du tout distingués des personnes « piégées », et on finit par ne plus trop savoir si c'est une fiction ou une émission de télé réalité.

Bref, intéressant mais pas assez, de bonnes idées mal exploitées, des scènes sympas à retrouver sur youtube, ça suffira largement.


 

THE READER- de Stephen Daldry

 

 

Mickael Berg, jeune lycéen allemand des années 50 vit une histoire passionnée avec une femme d'une trentaine d'années à l'insu de son entourage. Un jour, celle-ci déménage sans laisser d'adresses. Hanté par ce premier amour perdu aussi brutalement qu'il n'a commencé, il poursuit sa vie et entame des études de droit. Il assiste alors à un des grands procès d'anciens nazis, époque oblige, ici d'anciennes surveillantes des camps jugées pour avoir envoyé à la mort plus de 300 personnes. A la rancœur des allemands de cette époque contre les agissements de la génération précédente, s'ajoute l'horreur de sa découverte : Hanna, son ex-compagne est au banc des accusés et rien ne semble la disculper des horreurs dont on l'accuse.

 http://flicks.stanford.edu/image.php?id=71

Film sensible et juste, on s'accroche d'autant plus à l'histoire que les acteurs principaux sont impeccables. Kate Winslet a définitivement mérité son Oscar. Certains rôles secondaires ne sont pas en reste avec Bruno Ganz en professeur de droit percutant, Alexandra Maria Lara qui fait une apparition crédible et juste ainsi que David Kross en jeune lycéen tourmenté.


On peut peut être regretter que la romance et l'érotisme soient accommodés à toutes les sauces même si le résultat est loin d'être écœurant. Il faut même bien cela pour comprendre le désespoir futur du jeune Mickael, et surtout pour mettre le spectateur mal à l'aise à la vue de ce monstre qui n'en est pas un.

On avait reproché au film La Chute, avec le même Bruno Ganz dans le rôle d'Hitler, de donner un côté humain au monstre que l'on voudrait voir. Non, définitivement, les nazis n'étaient pas des gens comme nous. Le moins qu'on puisse dire est que The Reader récidive en dépeignant une ex-employée des SS comme une femme simple, un peu bourrue mais hyper sensible à la beauté des choses et des mots. Une femme qui assume ses actes, les accepte et les décrit simplement en mettant au défi quiconque de répondre à la question : "Mais vous, qu'auriez-vous fait?".
Question qui restera sans réponse comme la plupart des problématiques évoquées dans le film :  Comment vivre après avoir aimé un monstre ? A t-on le droit au pardon lorsqu'on a commis les pires atrocités ? Plus difficile, faut-il vraiment passer le reste de sa vie dans le repentir permanent de ces actes ? Enfin, comment une jeune génération peut-elle supporter les actes impardonnables de ses parents ?

Grand défi et également grande réussite : laisser ces questions sans réponses là où tous les moralistes de bas étages auraient cherché à "tirer la leçon", "déduire des enseignements", " faire passer un message". Ici demeure uniquement l'essentiel : le simple constat de l'homme, de sa nature et de ce que l'histoire peut amener de pire.

Un film sans fioriture mais efficace et poignant.




LA HAUT
- de Pete Docter, Bob Peterson


Un peu de douceur dans ce monde de brutes avec le dernier des Pixars. Un vieil homme qui vient de perdre sa femme et qui est menacé de finir sa vie en maison de retraite décide une fois pour toute de partir vivre en Amérique du Sud. Précisément, destination les chutes du paradis, là où lui et Ellie, sa femme, avait toujours rêvés d'installer leur maison. Et d'ailleurs, il la prend avec lui, sa maison, soulevés par des centaines de ballons à l'hélium qui rendraient jaloux n'importe quel propriétaire de jet privé. Malencontreusement, il se retrouve avec un invité surprise, puis rapidement plusieurs personnages se joignent à eux, tous hauts en couleurs et aussi attachants pour les enfants que pour les adultes.


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Pixar a bonne presse en ce moment et effectivement, on en sort pas déçu, à part peut être pour le très très petits (en dessous de 4 ans) qui trouveront certaines scènes tristes ou un peu violentes. Pour les autres, vous aurez droit à une belle aventure, bien amenée, avec des détails graphiques toujours aussi soignés et des répliques cadencées au poil près, impeccablement reprises par la version française. Pas de message écolo lourdingue, et c'est tant mieux, la simplicité des paysages les rend d'autant plus mangifiques.
Entre Dug le chien, Russell le jeune aventurier délirant, le mythique Dabou qui fait échasses à ses heures et une meute de chiens féroces mais pas très éveillés, on n'a absolument aucune difficulté à entrer dans l'histoire et à retomber en enfance.

N'en déplaise au rédacteur en chef de Télérama qui parle d'insolence comme un communiste parlerait de la liberté (oui, chez Télérama on a la révolution dans le sang), ça fait du bien ce genre de films.