Suite à l'affaire Hortefeux qui déchaîne les passions et oppose les personnalités, un article relativement intéressant paru dans le monde a attiré mon attention.
Il y est question des membres du gouvernement qui tentent, plus ou moins adroitement de défendre Brice Hortefeux en arguant que : Ses propos ont été mal compris, déformés, sortis de leur contexte, les images ont été "volé" et puis de toute façon tout ça c'est la faute d'Internet.
Aussi incroyable que ça puisse paraître, la plupart de ses défenseurs, qui sont tous nos dirigeants à l'heure actuelle, semblent considérer qu'il est anormal que ces images circulent librement sur internet, aussi rapidement, qu'il y ait un "buzz", qu'Internet soit si peu contrôlée, etc...

Je me permets donc de reprendre l'affaire depuis le début pour plus de clarté.

1) Sur le fond de l'affaire

Brice Hortefeux est à l'université d'été de l'UMP, entouré de divers militants, dont un se disant en même temps auvergnat et arabe. Le ministre ne lui fait pas remarquer cette évidente faute de goût, cependant une militante fait remarquer "C'est notre petit arabe", et il fait donc subtilement la réflexion que tout le monde connaît : "Quand il y en a un ça va, c'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes".

-Les propos racistes sont condamnés par la loi
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Le fait est que l'on ne sait pas bien qui parle de quoi et notamment si Hortefeux parle bien des arabes, il serait donc logique de lui laisser le bénéfice du doute. Néanmoins, si c'est bien ce que ça paraît être, à savoir une remarque raciste, le fait constitue bien une infraction prévue à l'article R 625-7 du Code pénal pour provocation non publique à la discrimination ou au racisme. Le fait d'être raciste n'est évidemment pas condamnable puisque ce fait n'est ni dépendant de la volonté de la personne, ni vérifiable, et n'a aucune conséquence pour personne. La liberté d'opinion, de penser, quelle que soit la façon dont vous la nommez est une liberté aussi illimitée qu'inexistante : Cela ne correspond à rien, on ne peut pas autoriser ou interdire quelqu'un à faire quelque chose que personne ne peut maîtriser. La polémique que j'ai lu à ce sujet chez diner's room me paraît donc assez étonnante et totalement stérile.

Par contre, la liberté d'expression existe et elle est encadrée. Donc, si racisme il y a eu, la justice peut être saisie, et les propos doivent d'autant plus être condamnés qu'il s'agit d'un ministre en exercice. Inutile de vous expliquer ce que l'on peut craindre dans ce type de situations.

-On n'est pas filmé à son insu lorsque l'on est entouré de journalistes.

Il serait utile, au moins pour eux, que les politiques se mettent une fois pour toute dans la tête que lorsque l'on est entourés de journalistes et de militants, à l'université d'été du plus grand parti politique de France (oui, il faut s'y résoudre), on est définitivement pas dans une situation d'intimité. Parler "d'images volées" en sachant très bien que l'on sera non seulement écoutés mais aussi forcément filmé, et que tout ce que l'on dira aura une grande importance, tient de la mauvaise foi absolue. Et même si l'on a pas vu cette caméra là à ce moment précis.

Quoi qu'il en soit, l'infraction reprochée n'a absolument pas besoin d'être publique pour exister. Cela n'a donc aucune espèce d'importance de savoir si oui ou non le cadre était public ou privé, à part si M. Hortefeux ou les services de l'Elysée veut porter plainte pour atteinte au droit à l'image. Ce type d'erreur diplomatique est à mon avis complètement dans leurs cordes.

2) Sur la diffusion de la vidéo

Je suis encore suffisamment naïve pour être complètement affligée que tous ces très compétents membres du gouvernement saisissent l'occasion pour dire tout le mal qu'il pense d'Internet et de la libre communication.
"Vous voyez bien qu'Internet c'est dangereux : A cause d'elle on voit clairement que nos ministres tiennent des propos racistes et l'on ne peut rien faire pour l'empêcher"
Cette vidéo me semble absolument surréaliste : Henri Guaino y affirme qu'à cause d'Internet et de sa "transparence", d'abord les gens perdent de leur épaisseur, formidable métaphore aussi creuse qu'elle ne veut rien dire, et ensuite "on ne peut plus rien dire". On retombe donc sur l'argument de base des négationnistes : On doit pouvoir exprimer toutes ces opinions quelles qu'elles soient, tenir des propos racistes n'est qu'une opinion, etc...
Et s'ajoute à cela un très subtil rappel sur la dangerosité d'Internet : Internet qui permet de mettre à jour des infractions, de choquer l'opinion publique, qui fait des buzz qu'on ne peut pas arrêter...

Bref, je m'arrêterais là en vous invitant à aller lire l'article du Monde et voir la vidéo qui résument assez bien les choses. Pour ma part, je pense que l'Europe et ses normes nous préservent très efficacement de tous ces personnages qui se flattent d'être dangereux pour l'Etat de droit.